Lorsqu'une catastrophe survient, la Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures active les satellites pour acheminer l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin et aider les équipes de secours sur le terrain. Pour la première fois, les Pléiades Neo d'Airbus ont rejoint le pool de satellites disponibles lorsque la Charte est activée

SOCIAL-POST-Pleiades-Earth protection

 

Le 6 février 2023, à 4h17, un tremblement de terre a frappé la Turquie et la Syrie. À 7h04 le même matin, l'EFAD, l'autorité turque chargée des catastrophes et des urgences, a déclenché la Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures. Son activation a immédiatement programmé les satellites les plus appropriés pour acquérir les données relatives à la catastrophe. Le lendemain, les premières images des conséquences du tremblement de terre ont été transférées aux autorités turques, aidant les équipes de secours sur place à prendre des décisions en montrant l'étendue des dégâts

Pleiades Tukey

Zone fortement endommagée de la ville d'Antakya (anciennement Antioche), province de Hatay, située dans le sud de la Turquie. © CNES (2023), Distribué par Airbus DS

 

La Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures, un outil précieux pour sauver des vies

Lorsqu'une catastrophe majeure se produit, les satellites jouent un rôle essentiel en fournissant une vue d'ensemble et des données précises qui ne peuvent être captées que depuis l'espace. Aider les premiers intervenants est l'objectif de la Charte internationale "Espace et Catastrophes Majeures".

Signée en 2000 par l'Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d'études spatiales (CNES), la Charte regroupe et coordonne environ 270 satellites et l'expertise de 17 agences spatiales. Elle peut être activée gratuitement par n'importe quel pays de la planète, grâce à l'accès universel*.

La Charte a été activée plus de 800 fois depuis sa création : plus de 400 fois pour des inondations, près de 130 fois pour des tempêtes/ouragans.

Comme l'explique Emilie Bronner, représentante du CNES au Secrétariat exécutif de la Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures, "dès que nous recevons une demande d'activation de la Charte, tous les membres désignés mobilisent leurs satellites d'observation de la Terre en mode urgent et prioritaire".

Munies des bonnes informations, les autorités locales peuvent prendre de meilleures décisions, notamment en ce qui concerne les priorités des équipes de secours, l'évaluation des dégâts ou l'identification des types d'aide ou de secours les plus nécessaires, ainsi que l'observation des déplacements de population.

 

Des données satellitaires à haute résolution pour cartographier, surveiller et atténuer les impacts

Les catastrophes naturelles telles que les tempêtes, les tremblements de terre, les inondations ou les incendies de forêt peuvent modifier radicalement les paysages et couper les communications. "Dans certaines situations, les cartes ne suffisent plus. Les infrastructures terrestres telles que les routes ou les ponts peuvent avoir été détruites. Les équipes de secours s'appuient sur l'imagerie satellitaire pour agir rapidement, s'orienter sur le terrain et assurer la coordination", explique M. Bronner.

La Charte s'appuie sur des satellites d'observation de la Terre déjà exploités à d'autres fins. En fonction de la catastrophe, différents types de satellites peuvent être activés en parallèle, comme ceux de la constellation construite par Airbus, qui comprend SPOT, Pléiades, TerraSAR-X et TanDEM-X et, pour la première fois, Pléiades Neo. La combinaison de satellites optiques et radar permet d'obtenir la réponse la plus rapide et la meilleure qualité. 

Satellite sensor resolution

Les satellites optiques fournissent des images à haute résolution. Avec une résolution de 30 cm, la constellation Pléiades Neo est parfaitement adaptée pour cartographier en détail les dégâts subis par les réseaux routiers ou les bâtiments individuels. L'imagerie radar, quant à elle, peut pénétrer la couverture nuageuse et fonctionner de nuit. Ces deux éléments sont essentiels à l'acheminement rapide de l'aide et du soutien. Il est également possible de comparer les données archivées avec les données nouvellement acquises, afin de préparer des cartes d'évaluation des dommages qui offrent des vues plus détaillées de la manière dont le paysage et les infrastructures ont été touchés.

"La gestion hautement automatisée de Pléiades Neo répond parfaitement aux besoins de rapidité de la Charte", déclare Isabelle Zago-Viou, responsable de l'exploitation des satellites et des plateformes chez Airbus Defence and Space. "Les deux satellites Pléiades Neo ont quinze demandes de tâches planifiées par jour et par satellite. Nous pouvons répondre aux demandes urgentes d'imagerie, en programmant chaque satellite jusqu'à quinze minutes avant que le plan suivant ne soit téléchargé. Cela permet au satellite de passer au-dessus de la zone cible dans les deux heures qui suivent, avec une revisite deux fois par jour. En outre, nous utilisons l'intelligence artificielle pour améliorer la précision et transformer les informations en données exploitables.

L'imagerie satellitaire peut ensuite être transformée en cartes de dommages et de situation (voir l'exemple ci-dessous). Pour obtenir une image facile à interpréter à partir d'une image satellite, la Charte utilise un service de cartographie rapide composé d'experts en cartographie capables de comparer les données avant et après et d'identifier les changements

Iskenderun, Hatay_Pleiade 1B pour Turquie

Bâtiments effondrés à Cay Mahallesi à Iskenderun, Hatay. Turquie. Suite à l'activation de la Charte, plus de 350 images de crise provenant de 17 agences spatiales du monde entier ont été livrées. © CNES (2022-2023), Distribution Airbus DS. Inclut le matériel des Pléiades. Carte produite par Istanbul Technical University Department of Geomatics engineering Remote sensing Lab (İTÜ)

 

"La charte est un exemple fantastique de la manière dont la communauté spatiale internationale peut collaborer pour aider à faire face aux catastrophes", conclut M. Bronner. "L'intensité et la fréquence des catastrophes naturelles augmentent et affectent l'ensemble de la planète, mais nous sommes préparés.

Emilie_BRONNER

Emilie Bronner, docteur en topographie, a commencé à travailler dans l'industrie spatiale il y a 18 ans ©CNES - https://disasterscharter.org/web/guest/how-the-charter-works

 


 
La Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures en bref

Site web

  • La Charte est une coopération internationale composée de 17 agences spatiales 
  • 131 pays ont bénéficié de la Charte depuis sa création
  • Définition de la "catastrophe naturelle ou technologique" : une situation de grande détresse entraînant la perte de vies humaines ou des dommages matériels importants, causée par un phénomène naturel, tel qu'un cyclone, une tornade, un tremblement de terre, une éruption volcanique, une inondation ou un incendie de forêt, ou par un accident technologique, tel qu'une pollution par des hydrocarbures, des substances toxiques ou radioactives.
  • *Le principe de l'accès universel : toute autorité nationale de gestion des catastrophes est en mesure de soumettre des demandes d'intervention d'urgence à la Charte.

Vidéo : https://youtu.be/ZvExM-Z3E2w

 


 
Exemples de cartes ou d'images à haute résolution créées après une catastrophe à partir de données satellitaires.

Beyrouth, Liban

Lebanon explosion

Une énorme explosion a secoué Beyrouth (Liban) le 4 août 2020, causant d'importants dégâts aux infrastructures et faisant de nombreux morts et blessés. La carte montre l'impact de l'explosion à partir de l'imagerie Pléiades vue du ciel. © SERTIT, CNES, Distribution Airbus DS.

 

Les Cayes, Haiti

Les Cayes, Haiti

Le 4 octobre 2016, l'ouragan Matthew, une tempête de catégorie 4, a frappé Haïti. Il a apporté des vents de plus de 230 km/h (145 mph) et de fortes pluies qui ont provoqué des inondations. Des dizaines de milliers de maisons ont été détruites, et certains villages et villes ont été entièrement détruits. Des milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et bien que de nombreux survivants aient reçu des tentes et que des centres de secours aient été mis en place, on estime que plus d'un million de personnes ont été touchées.

© CNES (2016), Distribution Airbus DS. Carte réalisée par le Pacific Disaster Center