L’industrie aéronautique française a accompagné l’Armée de l’Air depuis sa création le 2 juillet 1934, aujourd’hui dénommée Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) après avoir englobé le spatial en 2020. Depuis les premiers aéronefs des sociétés Potez ou Nieuport, à la création du Noratlas après la seconde guerre mondiale, puis du Transall -  qui a marqué le début de la coopération entre la France et l’Allemagne -,  la flotte aérienne française a continuellement évolué. Airbus fait partie des industriels incontournables qui soutiennent l’armée dans l’évolution de ses besoins pour la réussite de ses missions d’aujourd’hui et de demain.

Comme l’explique le Général Guy Girier, Conseiller Défense chez Airbus Defence and Space, “Airbus a hérité de la tradition industrielle de l’Armée de l’Air et de l’Espace et a su s'inscrire dans la continuité du transport tactique et stratégique grâce à une gamme de produits qui lui permettent d’aller au plus près du terrain et de transporter rapidement des troupes et du matériel.” En effet, Airbus est présent auprès de l’AAE dans quatre grands domaines d’activités: le transport aérien militaire, les hélicoptères de transport et de combat, les satellites et le renseignement.

La dualité d’Airbus - entreprise de produits civils et militaires, a permis d’apporter des réponses aux besoins spécifiques aux armées et à l’armée de l’air en particulier.

Par exemple, pour renouveler la flotte gouvernementale, l'armée a acquis successivement des A319 puis un A330, transformé pour le transport du Président de la République, un “Air Force One” à la française, mis en fonction en 2010. D’autres solutions telles que les A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport) sont arrivées pour remplacer les C135 acquis par le général de Gaulle en 1957.

L’A330 MRTT, un avion stratégique

“L’A330 MRTT, issu de l’avion de ligne A330-200 et fabriqué sur les lignes d’assemblage à Toulouse, amène un niveau de performance incroyable et confère à l’armée de l’air une profondeur stratégique inégalée”, explique le Général Girier. 

Cet avion multirôle de ravitaillement en vol ne nécessite pas de réservoirs supplémentaires. La cabine principale et les soutes du pont inférieur sont donc toujours disponibles pour répondre aux besoins de transport - troupes et équipements - et assurer le ravitaillement en vol en une seule mission. ll peut également être configuré pour effectuer des évacuations médicales (Médévac), comme ce fut le cas pour le transfert des malades du COVID-19.

A330MRTT Refuelling two Rafale  © Airbus

L’A330 MRTT Phénix est également un outil de dissuasion, avec des capacités supérieures notamment en termes de rayon d’action. Il a changé la portée stratégique de projection très longue distance des armes de dissuasion aéroportées. Cela s’illustre dans la mission Pégase, qui permet de démontrer la capacité des armées françaises à amener des moyens militaires significatifs dans la zone Indo-Pacifique et à défendre ces territoires et les intérêts français dans le monde en moins de 72 heures. “Cette démonstration a une portée politique forte, elle soutient la stratégie et la composante pilotée de dissuasion”.

L’A400M, un outil stratégique au service de la sécurité

L’A400M a bénéficié de l’expérience du Transall avec ses caractéristiques tactiques majeures - décollages et atterrissages courts, à partir de terrains sommaires - tout en multipliant les capacités de transport, y compris les charges lourdes et hors gabarit, et en améliorant sa charge utile et son rayon d’action. “L’A400M transforme la façon d’utiliser le transport tactique, explique le Général Girier. Les A400M Atlas permettent de projeter des forces aéroportées ou des opérations de largage depuis la France en revenant assez rapidement en France, ce qui change le tempo de l'utilisation de ces forces.” En mars 2020, l’A400M a délivré pour la première fois par les airs plusieurs tonnes de matériels directement sur le théâtre de l’opération Barkhane au Mali, cinq heures seulement après avoir décollé de France. Cette capacité donne de la réactivité aux troupes au sol engagées dans des combats de haute intensité.

Les hélicoptères, une polyvalence essentielle

Airbus soutient également l’Armée de l’air et de l’espace avec ses hélicoptères de transport et de combat. Mis en service en 2006, le H225M Caracal est un véritable atout dans la recherche et le sauvetage au combat. Il appuie également les forces au sol et assure des missions de sauvetage et de transport tactique. Sa capacité à être ravitaillé en vol dote le Caracal d’un atout supplémentaire et unique dans les armées françaises et européennes. En effet, il gagne ainsi en allonge et en autonomie et peut assurer ses missions au profit du Commandement des Opérations Spéciales en France et sur les théâtres d’opérations, de jour et de nuit.

Avec le H125M Fennec sont effectuées les missions de transport léger, les évacuations sanitaires (EVASAN), la recherche et le sauvetage (SAR), la protection de base, les missions de mesures actives de sûreté aérienne (MASA) permettant d'assurer la surveillance et la protection de sites sensibles face aux menaces aériennes que représentent les aéronefs lents, légers ou ultra légers évoluant à basse altitude ainsi que la formation des pilotes d’hélicoptère.

Les hélicoptères Puma participent aux évacuations sanitaires (EVASAN), aux missions de secourisme, transport de troupes et Opérations extérieures (OPEX). 

Caracal © Airbus Helicopters 2015 Anthony PECCHI

Le programme HIL (Hélicoptère Interarmées Léger) vise à doter les trois armées françaises dès 2026 d’une flotte unique d'hélicoptères, les H160M, pour remplacer cinq modèles aujourd’hui en service. En standardisant la flotte avec une plateforme commune, ce programme permettra aux aviateurs français de bénéficier de coûts d'exploitation réduits ainsi que d'une empreinte logistique optimisée, tout en augmentant la disponibilité opérationnelle. L’AAE utilisera le H160M, baptisé Guépard, pour assurer des missions de surveillance et de défense de l'espace aérien français. Il sera chargé de soutenir les opérations de recherche et de sauvetage et est également capable de fournir un appui-feu ou de mener des missions de renseignement. 

L’arrivée du spatial a changé la donne pour les opérations aériennes et de surveillance

Le spatial s’est imposé à partir des années 70 avec l’imagerie satellitaire. Il est un segment

incontournable du renseignement militaire. Ces renseignements obtenus depuis l’espace ont permis en outre de faire de la cartographie précise et des modèles numériques de terrain qui permettaient de maîtriser l’altimétrie pour faire du tir ou de la navigation à basse altitude. Airbus a fourni plusieurs satellites optiques d'observation de la terre, HELIOS (1995) et CSO (2018), ainsi que des images acquises par les satellites SPOT (depuis 1986), Pléiades (depuis 2011) et enfin Pléiades Neo depuis 2021.

Ensuite, les satellites de navigation tels que Galileo, dont la dernière génération est en cours de production sur le site d'Airbus à Friedrichshafen en Allemagne, ont permis aux vecteurs aériens, quels qu’ils soient, de déterminer leur position de façon précise, et en l’absence d’une infrastructure sol.

La constellation CERES d’écoute électromagnétique lancée en 2021 est une technologie unique. Ces satellites permettent sont  capables de repérer les "signatures" électromagnétiques (radars, défenses aériennes) de les identifier et cartographier et, sans aucune limite de couverture. 

The Syracuse 4B satellite was successfully launched in July 2023 © Airbus

Les capacités spatiales d’observation et de renseignement sont complétées également avec les satellites militaires de télécommunication, comme Syracuse 4B. Ce système permet aux armées de communiquer à très longue distance avec un débit élevé et en toute sécurité. “Cette famille de satellites permettait au départ de transmettre la voix, puis ensuite l’image puis maintenant des données dont la transmission et la protection sont devenues primordiales”, explique le Général Girier.

Une rupture dans les opérations modernes avec les drônes

Les drônes font leur apparition sur la majorité des zones de conflits. L’Armée de l’Air et l’Espace s’est intéressée très tôt au programme de drônes Hunter, puis Harfang lancé par Airbus dès 1999, qui permet de compléter la panoplie de système de recueil de renseignement.  Il permet de capturer des images vidéo jusqu’à plus de 1000 kilomètres de la station au sol à partir de laquelle il est commandé et de transmettre les informations en temps réel. Il a servi notamment lors d'opérations en Afghanistan.

L’armée de l’Air et de l’Espace française se positionne également sur l’avenir des systèmes de drône MALE (Medium Altitude Long Endurance) avec l’Eurodrone qui est capable d’évoluer au-dessus de 20,000 pieds jusqu’à 40 heures d’endurance. “Le MALE est une capacité polyvalente multi-missions pour l'Armée de l'Air car il est capable d'observer et de détecter des menaces plus insaisissables et de les engager sur des zones à haut risque”. Eurodrone jouera un rôle clé dans le futur système de systèmes SCAF (Système de combat aérien du futur), grâce à sa configuration évolutive combinant une grande capacité de charge utile et la réserve électrique fournie par ses deux moteurs.

Le SCAF est un projet européen, qui implique la France, l'Allemagne, l'Espagne. La Belgique vient de rejoindre le programme en tant que membre observateur. Un avion de combat multirôle de nouvelle génération est entouré de systèmes d’armes et de drônes, tous interconnectés au sein d’un cloud de combat avec l'ambition d'apporter en temps réel la meilleure situation tactique, un travail collaboratif des moyens aériens, une délégation dynamique des engagements et le raccourcissement des boucles décisionnelles de commandement et de contrôle.

“Ce positionnement spécifique d’Airbus, né d’une synthèse industrielle et de ses liens avec l’armée, projette Airbus dans une situation unique. Ses compétences transverses de communication sécurisées, de cybersécurité et d’intelligence artificielle, apportent des réponses pour la construction des systèmes de systèmes dont l’armée a besoin pour le futur. Tout élément d’un ensemble aérien sera une brique qui communique avec les autres pour consolider la connaissance de la situation tactique, accélérer la diffusion de l’information et des ordres de la chaîne de commandement ”, conclut le Général Guy Girier.