Le cloud de combat aérien (Air Combat Cloud) du SCAF mettra l'intelligence en temps réel au premier plan en exploitant les capacités en réseau des différents avions et plates-formes. Les innovations en matière d'IA, de traitement des mégadonnées et de cybernétique contribueront à faire de la défense une mission véritablement collaborative.

 

Le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) de l'Europe verra des avions avec pilote de nouvelle génération voler aux côtés d'aéronefs pilotés à distance  et de différentes tailles. Ces moyens feront partie d'un "système de systèmes" entièrement en réseau, basé sur des architectures ouvertes qui permettront l'intégration d'autres plates-formes existantes telles que l'A400M ou le ravitailleur A330 MRTT. Au cœur de ce système complexe se trouvera le cloud de combat aérien, qui permettra à ces plates-formes de travailler ensemble.

NGWS with EF and RCs
Système d'armes de nouvelle génération (NGWS) du SCAF avec l'Eurofighter et les plates-formes téléguidées

 

Mais qu'est-ce qu'un "cloud de combat aérien” (Air Combat Cloud)" ? En tant que responsable de la solution SCAF Combat Cloud chez Airbus, Ignacio Rosell se voit souvent poser cette question. "Comment fonctionne l'écosystème Android? Nous disposons d'un système d'exploitation qui permet l’intégration d’applications provenant de différentes parties, le tout étant soutenu par une infrastructure de communications telle que la 5G, le Bluetooth ou le Wi-Fi. Si nous appliquons cette analogie au SCAF, nous développons une partie importante de “l'Internet des Objets Militaires". Nos téléphones portables pourraient être un avion de chasse, un aéronef sans équipage à bord (Unmanned Aerial System - UAS), un navire de guerre, un satellite ou même un soldat au sol, chacun intégrant différentes applications ou, en d'autres termes, différentes capacités. Notre cloud de combat aérien a les mêmes composants, l'infrastructure de communications, le système d'exploitation et les applications qui leur permettent de fonctionner de manière collaborative".

 

Une Europe à la pointe de la technologie


Lancé par la France, l'Allemagne et l'Espagne, avec Airbus, Dassault Aviation et Indra en tant que coordinateurs des industriels nationaux, le SCAF est l’un des plus importants programmes européens de défense des décennies à venir. Dans un contexte d'instabilité mondiale croissante, l'objectif du projet est de concevoir un système de défense aérienne qui protégera l'Europe tout en renforçant son autonomie stratégique et sa souveraineté technologique.  

 

Accélérer le cycle grâce aux technologies d'apprentissage


Airbus mène le pilier “cloud de combat”, avec Thales et Indra comme principaux partenaires. Il s'agit de l'un des sept domaines de la technologie SCAF de nouvelle génération (*voir l'infographie ci-dessous), dirigée chez Airbus par Marc Paskowski.

"Il fournira une connaissance commune de la situation en capturant, partageant, fusionnant et traitant instantanément des quantités massives de données provenant de toutes les plateformes connectées, avec et sans pilote, de manière fiable, et en transformant ces données en informations exploitables en tirant parti des technologies d'apprentissage en constante évolution", explique-t-il. "Le concept basé sur le cloud aérien est que tous les éléments doivent constamment interopérer les uns avec les autres de manière à former un système cohésif", explique Paskowski. 

FCAS Phase 1B
Les travaux de développement de la phase 1B du SCAF sont actuellement en cours sur le site Airbus de Friedrichshafen. Ils seront suivis par la phase 2, qui aboutira à une démonstration en vol du Combat Cloud avancé vers 2028. 

 

“Notre "système d'exploitation" devra être ouvert pour accueillir des applications sur étagère et sur mesure, telles que des équipes avec ou sans pilote, provenant d'Airbus ou de tout autre partenaire industriel. Ce sera également un système évolutif, avec de nouvelles applications telles que de nouvelles plates-formes aériennes qui seront intégrées en cours de route", précise M. Rosell. "Notre modèle commercial autour du “Combat Cloud” ne sera pas unique. Un domaine tel que la connectivité par satellite pourrait être proposé comme un service, tandis qu'une application faisant partie du système de mission d'un aéronef pourrait être vendue comme un produit", ajoute-t-il.

 

Les démonstrateurs d'avions de combat et d'aéronefs téléguidés de nouvelle génération,  connectés au Combat Cloud, sont prévus pour un premier vol en 2028/2029.

 

Le développement de solutions intermédiaires dans le cadre de cet "internet des objets militaires" devrait permettre aux clients d'utiliser différents niveaux de capacités du cloud et des aéronefs téléguidés bien avant que le SCAF ne devienne opérationnel dans les années 2040. 

 

Pour celles et ceux qui veillent à notre sécurité : une IA responsable pour le FCAS


Sur la base de cette approche incrémentale, le cloud de combat aérien changera la donne numérique dans la conduite des opérations militaires. 

 

La capacité d'intégrer, d'opérer et de communiquer à partir d'un système en réseau façonnera l'armée de l'air du futur

 

Ingo Gerhartz, lieutenant général de l'armée de l'air allemande

 

En effet, les scénarios futurs exigeront un degré d'automatisation bien plus élevé pour la gestion des informations et l'intégration des services et branches militaires tout au long du cycle de la mission. Pour le SCAF, les innovations dans les "deep techs" telles que le traitement des big data, l'intelligence artificielle et la cybernétique fourniront l'intelligence avancée du cloud, permettant, par exemple, la distribution des rôles de Commandement et de Contrôle (C2), y compris au pilote dans son avion de chasse, et fournissant aux acteurs clés d'une mission toutes les informations pertinentes en temps réel.  "Les décideurs de l'armée de l'air disposeront ainsi d'un niveau de connaissance sans précédent", souligne Paskowski.

Mais un grand pouvoir s'accompagne d'une grande responsabilité. Avec le recours croissant à l'intelligence artificielle dans tout ce que nous faisons en tant que "citoyens numériques", et l'utilisation de plates-formes telles que ChatGPT et son impact sur le lieu de travail, l'intégration de l'IA au cœur du cloud de combat aérien du SCAF présente de nouveaux défis. Des questions telles que "Dans quelle mesure le système soutiendra-t-il le processus de prise de décision ?" ou « Quels sont les critères éthiques pour l’utilisation de cette technologie?” peuvent être soulevées.

FCAS Services

 

Contrôler ou être contrôlé, telle est la question


Afin d'ancrer ces questions éthiques et ces principes juridiques dans le projet SCAF, Airbus et l'Institut Fraunhofer se sont associés en 2019 pour lancer une commission d'experts conjointe sur l'utilisation responsable des technologies (lien). Elle réunit des parties prenantes de l'armée de l'air allemande avec des universités, des instituts de recherche et un large échantillon de fondations, d’experts des sciences sociales et sciences de ingénierie. 

Sur la base de ces orientations, au sein du cloud de combat aérien du SCAF, l'IA fournira une analyse de situations complexes lors d'opérations multi-domaines et recommandera l'action la plus intelligente dans la bonne séquence. Si le rythme opérationnel est élevé, l’homme décidera ensuite d'accepter ou non ces recommandations, après cette décision, les processus ultérieurs seront à nouveau automatisés par l'IA. "Notre système européen de défense aérienne sera sous le contrôle total d'un opérateur humain responsable à tout moment et dans toutes les circonstances,” conclut Marc Paskowski. 

Development of FCAS
Tant sur le plan technologique que militaire, le développement du SCAF a le potentiel d'établir de nouvelles normes et de révolutionner l'utilisation de la puissance aérienne.

 


L'utilisation de l'IA chez Airbus
Skywise Digital Services

Airbus a commencé à intégrer l'IA dans ses produits et solutions dans les années 1990, avec des applications de lecture et d'interprétation de l'imagerie satellitaire. Les services d'imagerie OneAtlas exploitent la puissance de la constellation de satellites optiques et radar d'Airbus avec des technologies fiables d'IA et de cloud afin de fournir des informations clés pour, par exemple, lutter contre la déforestation, optimiser les rendements agricoles et la planification urbaine. 

Parallèlement, dans le secteur aéronautique, la plateforme de big data Skywise d'Airbus recueille les données de 24 000 paramètres d'avions, permettant aux compagnies aériennes abonnées à ce service d'effectuer une maintenance prédictive et d'améliorer l'efficacité opérationnelle globale de leurs flottes.

 


Les piliers technologiques du programme SCAF 

Le programme SCAF comprend un total de sept domaines de développement principaux.

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